Signaux de feu et
de fumée
Fanions et étendards
La naissance de la télégraphie optique
La télégraphie aérienne
Phares, balises et signaux lumineux
Le transport de message
Et vint l'électricité

Droits réservés
(IDDN)




Accueil
La télégraphie acoustique

A
. Belloc ou L. Figuier, vulgarisateurs scientifiques du XIX e siècle utilisent, de façon impropre, les termes de télégraphie acoustique. Ils méritent d'être défini.
On peut cependant traduire ces termes par " transmission de sons sur de grandes distances par l'intermédiaire d'un conducteur ".
Le conducteur peut être naturel ou artificiel.
Les éléments naturels (air, eau, sol) conduisent les sons et sont utilisés par les instruments de musique ou de détection (sonar, sismographe,…)
Seuls les conducteurs artificiels nous intéressent et il s'agit essentiellement des tubes et des ficelles.

Les tubes acoustiques


L
es tubes acoustiques sont des tuyaux devant lesquels on parle ou on produit des sons et qui les transmettent jusqu'à l'extrémité opposé.

La première utilisation d'un tube date probablement du IV e siècle avant JC.
On rapporte que Denys l'Ancien, tyran de Syracuse, avait fait installer des postes d'écoute dans tout son palais afin de pouvoir épier ses sujets et ses esclaves !

Le 1er juin 1782, Condorcet, savant éminent, présente un moine bénédictin, Dom Gauthey, à l'Académie des Sciences. Le moine, âgé de 25 ans, avait imaginé d'utiliser des tubes pour transmettre des informations sonores. Son exposé devant l'Académie fit grand bruit et donna lieu à un rapport qu'on possède toujours.

Le système de Dom Gauthey consistait à établir des tubes métalliques d'une très grande longueur et de transmettre par ce moyen, de poste à poste, un message. Il affirmait pouvoir transmettre en une heure un avis à deux cent lieues de distance.
Louis XVI voulut que le procédé fut soumis à l'expérience demandée par Condorcet. Elle eut lieu et on utilisa une conduite de 800 m de long qui amenait l'eau à la pompe de Chaillot. L'expérience réussit pleinement et Dom Gauthey proposa de passer à la phase suivante : poser 300 tubes enchâssés l'un dans l'autre afin de faire passer un message à 150 lieues ( environ 600 km) en moins d'une heure ! Devant l'ampleur et le coût de l'expérience, le roi recula. La souscription publique échoua également.
Au bout de six mois, Dom Gauthey abandonna et l'année suivante, il s'embarqua pour l'Amérique pour y faire connaître sa découverte et y trouver des souscripteurs : il n'y trouva qu'un imprimeur qui voulut bien publier, à Philadelphie, son " Prospectus ", en 1783.
On n'entendit plus parler de lui par la suite.

L'expérience de Dom Gauthey relatée par L. Figuier (op. cit.5)

Les tubes acoustiques ont été utilisés par la suite tout au long des XIX e et XX e siècles, mais sur des courtes distances : dans la marine pour transmettre des consignes d'un compartiment à l'autre, dans les maisons bourgeoises pour appeler les domestiques ou dans les voitures pour donner des ordres au cocher ou au chauffeur.


Les systèmes à ficelle

La ficelle utilisée comme conducteur est beaucoup plus anecdotique.

La première mention est de Robert Hooke, premier administrateur de la Royal Society anglaise, et date de 1664 :
" Je puis assurer le lecteur que j'ai, en employant un fil tendu, propagé le son à une distance considérable, instantanément, ou avec une vitesse en apparence incomparablement plus rapide que la vitesse de propagation à travers l'air dans le même espace de temps … "
Cité par J-C. Montagné (op. cit. bibliographie).
Robert Hooke ne précise pas, malheureusement, quel moyen il a utilisé…

Le jouet du commerce L'utilisation la plus intéressante d'un système à ficelle reste cependant celle d'un … jouet pour enfant : le téléphone à ficelle qui date du milieu du XIX e siècle.
Il était fabriqué en carton, mais rien n'empêche de le fabriquer soi-même :
On prend deux gobelets de carton ou deux boîtes de conserve vides et on perce un trou au milieu du fond. A travers le trou, on passe une ficelle de quelques mètres de longueur, de l'intérieur vers l'extérieur du récipient, sans oublier le nœud pour éviter que la ficelle ne ressorte ! Il suffit de prendre deux correspondants : l'un en émission (il parle dans l'un des récipients) et l'autre en réception (un récipient collé à l'oreille) .
Si la ficelle est modérément tendue, la transmission passe … sans hurler !